Allocution de Sa Majesté le roi Willem-Alexander pour l’ouverture du Forum sur les technologies climatiques, Gare Maritime, Bruxelles
Sire,
Mesdames et Messieurs,
Je me réjouis de voir réunis ce matin autant de Belges et de Néerlandais qui œuvrent ensemble avec enthousiasme au développement d’une économie forte et propre et de technologies climatiques.
Quel lieu serait plus emblématique pour la tenue de cet événement que cette gare historique de Bruxelles.
C’est en effet de cette ville qu’est parti le premier train mis en service sur le continent européen, le 5 mai 1835, à destination de Malines.
À titre de comparaison : ce n’est qu’en septembre 1839, soit quatre ans et quatre mois plus tard, qu’un train a roulé pour la première fois aux Pays-Bas, sur le trajet Amsterdam-Haarlem.
Voilà qui devrait peut-être nous inciter, nous Hollandais, à plus de modestie.
La Région wallonne a été un moteur pour toute la Belgique. C’est notamment grâce au chemin de fer que le pays a pu devenir une grande puissance industrielle. Et nous y avons attelé notre wagon ! Votre pays a une exceptionnelle tradition d’entrepreneuriat, d’innovation et de mobilité. Les Pays-Bas ont beaucoup de chance d’être vos voisins.
Bien sûr, le temps des machines à vapeur et du charbon est loin derrière nous. Je perçois pourtant aujourd’hui quelque chose du caractère de cette époque : la foi dans le progrès, l’esprit pionnier et l’envie d’agir.
Les défis que nous devons relever sont certes différents, et peut-être plus complexes. Il ne s’agit plus seulement de dynamique économique. Il s’agit aussi de la nécessité de modifier radicalement notre économie pour la rendre durable. Une modification qui bouleverse nos vies, peut-être même plus que la révolution industrielle n’a bouleversé celle de nos aïeux.
En tant que partenaires européens, nous devons nous entraider! Ce n’est qu'ensemble que nous pourrons assurer l'approvisionnement en matières premières nécessaires à la transition énergétique tout en renforçant notre autonomie.
Et face à cette profonde transformation nous nous tournons vers vous.
Vous tracez la voie vers un avenir durable.
Certains d’entre vous travaillent dans le domaine de l’hydrogène vert. La Belgique et les Pays-Bas, en coopération avec le Danemark et l’Allemagne, ont de grands projets visant à produire de l’hydrogène vert grâce à l’énergie éolienne en mer du Nord. Un programme très prometteur, mais qui demande beaucoup d’habileté d’ordre stratégique, organisationnel et technologique.
D’autres parmi vous travaillent dans le secteur de la construction climatiquement neutre. Les matériaux de construction restent une source importante d’émission de CO2. La Belgique et les Pays-Bas peuvent montrer ensemble qu’il existe une autre voie.
Il en va de même concernant le nécessaire passage à une agriculture durable. Pour nos deux pays, il s’agit là d’une urgence, voire de la condition de tout développement à venir. Il est positif de rencontrer ici autant de spécialistes qui se penchent sur ces questions.
Je ne voudrais pas oublier ceux qui parmi vous travaillent sur la mobilité propre. Si les trains à vapeur de 1835 étaient les fiers symboles du progrès, ils étaient aussi polluants. Aujourd’hui, le train est au contraire un des moyens de transport les moins polluants, ce qui illustre le pouvoir de l’innovation dans le secteur de la mobilité. Nous avons besoin de vous, y compris pour le passage aux véhicules électriques.
Je suis fier de constater que les entreprises, les ingénieurs et les dirigeants belges et néerlandais savent si bien unir leurs efforts. Pas seulement ici, à la Gare Maritime, mais aussi en mille autres endroits. Continuez sur cette voie durable et gardez le train en marche! Tous mes vœux de succès !